Interopérabilité : capacité que possède un produit ou un système (…) à fonctionner avec d’autres produits ou systèmes existants ou futurs et ce sans restriction d’accès ou de mise en œuvre[1].
Pour débuter, sans rentrer dans le débat entre compatibilité, standard de fait et interopérabilité (partielle ou totale), nous sommes bien forcés de constater qu’être interopérable est une de ces caractéristiques évidentes en apparence et que peu d’acteurs adressent en réalité : dans le domaine de l’Internet des Objets, cela se limite le plus souvent à proposer une API permettant d’accéder aux plates-formes, objets ou services numérique connectés, premier pas certes nécessaire, mais dont les étapes suivantes sont beaucoup moins claires.
Que disent les experts ?
Dans une étude déjà ancienne mais très complète (The Internet of Things: mapping the value beyond the Hype[2]), McKinsey estimait que « … les situations dans lesquelles deux (ou plus) systèmes IoT ont à collaborer représente environ 40% de la valeur que l’Internet des Objets peut délivrer».
Un des résultats intéressants de cette étude est la décomposition des coûts en fonction des postes de dépense d’un projet IoT. Naturellement, les chiffres sont des estimations moyennes, et chaque projet doit être analysée dans son contexte propre, mais il y a fort à parier que la répartition soit relativement constante quel que soit ce projet. Cette décomposition n’étonnera pas vraiment les lecteurs familiers avec les études de coûts dans les projets TIC en général ; nous la rappelons ici dans une représentation simplifiée (valeurs moyennes, base 100) :
Ceci étant posé, regardons quelle est la valeur de l’interopérabilité au départ d’un projet IoT, puis pendant son cycle de vie.
Au début d’un projet IoT
Au démarrage d’un projet, l’interopérabilité offre d’abord une valeur fonctionnelle. Elle permet en particulier de :
Combiner des objets de nature très diverse, pouvant aller jusqu’à correspondre à des secteurs d’activité a priori disjoints ;
Mélanger des technologies ; par exemple pour la radio, une partie du parc peut être constituée d’objets connectés en LPWAN (Lora, Sigfox), une autre utiliser l’infrastructure des réseaux mobiles (nb-IoT, 2/3/4G) et enfin une dernière des réseaux locaux (Wifi, Zigbee) ;
Utiliser des applications et services web au sein de la solution (applications de productivité d’entreprise, météo, qualité de l’air, mesure de trafic, etc.)
La principale valeur associée à l’interopérabilité est l’alignement business et la richesse fonctionnelle du projet, qui supporte ainsi des processus métier beaucoup mieux alignés sur les objectifs initiaux : optimisation d’une activité (production, logistique, capture de données, irrigation économe, etc.), nouveau service ou produit à destination des clients ou du public, etc.
L’interopérabilité permet de recentrer la définition et la conception d’un projet sur le besoin du maître d’ouvrage, en dissociant le périmètre fonctionnel des contraintes techniques qui ne manquent pas d’apparaître lorsqu’on projette les besoins sur la réalité des solutions disponibles : ce qui paraît difficile à réaliser devient alors possible.
Au long de la vie d’un projet IoT
En général, les projets IoT ne se déploient pas en un jour ; leurs fonctionnalités devront s’enrichir progressivement et s’adapter à de nouvelles demandes parfois insoupçonnées à l’origine du projet. Une interopérabilité systémique permettra de :
Faire évoluer le périmètre fonctionnel du projet, grâce à la facilité d’ajouter de nouveaux objets et services connectés, dont le besoin n’aura pu être progressivement identifié qu’au cours de l’usage qui en a été fait ;
Sélectionner les fournisseurs les plus adaptés tout au long de la vie du projet, en évitant les situations monopolistiques parmi les vendeurs de hardware et de logiciel ;
Prolonger la durée de vie des infrastructures en place, en permettant le panachage de différentes générations d’objets et en éliminant les « upgrades » forcés lorsqu’ils sont fonctionnellement inutiles.
Les valeurs associées à l’interopérabilité tout au long de la vie d’un projet sont l’agilité fonctionnelle et la maîtrise des budgets.
Grille d’impact
Résumons aussi simplement que possible l’importance d’avoir une solution globale d’interopérabilité, en fonction de deux critères fondamentaux pour les projets IoT :
La durée de vie attendue pour le projet : celle-ci sera brève pour des projets tactiques, des expérimentations, etc. ; très longue pour des projets d’infrastructures de grande taille (compteurs intelligents, services publics, infrastructure industrielle lourde, etc.).
Le niveau de diversité des objets et des services connectés au sein du projet : faible pour un périmètre fonctionnel étroit et peu sujet à évolutions ; très importante en cas de processus métier larges mettant en œuvre de nombreux capteurs et actionneurs différents, des applications et services divers et une définition fonctionnelle appelée à évoluer.
Les projets IoT dont le périmètre est restreint, peu susceptibles d’évoluer et avec une durée de vie assez courte nécessitent peu de se poser la question de l’interopérabilité : ils se suffisent à eux-mêmes, et tout le reste ne sera que complication inutile.
En revanche, les projets IoT qui sont conçus pour durer longtemps et dont la mission nécessite la combinaison d’un nombre important d’objets et de services connectés doivent, dès leur définition, considérer comme essentielle la mise en place une solution d’interopérabilité systémique qui optimisera leur flexibilité fonctionnelle et offrira une bonne maîtrise du cycle de vie.
Conclusion
Finalement, nous avons essayé d’attirer l’attention des décideurs et chefs de projets IoT sur l’importance de réfléchir à une solution garantissant l’interopérabilité au sein (et avec la périphérie) de leur projets, en fonction de leurs objectifs.
Celle-ci ne saurait se résumer à l’existence d’APIs accessibles sur les différentes composantes de l’architecture : encore faut-il savoir quoi en faire, à quel prix, avec quel souplesse et quel contrôle tout au long de la vie du projet.
Vous êtes d’accord ? Pas vraiment d’accord ? Pas du tout d’accord ? Vous avez des exemples passés, présents ou à venir de tels projets ? Alors continuons cette discussion via notre formulaire de contact ou retrouvez-nous sur notre page LinkedIn.
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